Des outils qui automatisent la rédaction de textes ?
Vous l'aurez peut-être deviné en lisant à travers les lignes, mais le thème de la rédaction de contenus est un thème qui nous est cher. Et ce n’est pas seulement par amour des belles lettres ou pour mettre à profit des études en filière littéraire ! Si vous êtes lecteur ou lectrice assidue, vous savez en effet que les contenus rédactionnels ont une importance capitale pour votre référencement naturel. Or, on a pu le voir aussi, cette tâche peut rapidement devenir un travail à plein temps, qu’il est difficile de faire rentrer dans des plannings déjà bien chargés.
Comme dans d’autres domaines, la tentation peut être grande de déléguer ce qui pourrait s’apparenter à une corvée à des générateurs de contenus. Imaginons un instant un rédacteur ou une rédactrice qui ne connaîtrait pas de pannes d’inspiration, ne laisserait pas traîner de coquilles, ni de fautes de frappe, le tout dans une grammaire parfaite ? La vision, si elle donne des sueurs froides à toutes celles et ceux dont c’est le métier, pourrait malgré tout en séduire plus d’un·e·s.
Finie la rédaction laborieuse de fiches produits, entre le dictionnaire des synonymes et le Bescherelle: de nouvelles intelligences artificielles, boostées au machine-learning, tout droit sortis des labos de la Silicon Valley nous promettent de révolutionner la rédaction de contenu. Et si les résultats sont saisissants, ces supers-rédacteurs ne sont pourtant pas encore prêts à remplacer totalement les simples mortels que nous sommes. Ouf !
Robots vs Robots ?
Cela fait quelques années que les géants de la tech travaillent et conçoivent ce que l’on appelle des modèles de langages de plus en plus raffinés. On peut citer par exemple GPT-3 (Generative Pretrained Transformer 3), issus d’OpenAI un des laboratoires de recherche d'Elon Musk, BERT (Bidirectional Encoder Representations from Transformers), de Google ou XLM-R de Facebook.
Ces modèles de langage sont non seulement capables de générer des textes, mais aussi de répondre à des questions (comme sur les chats de SAV ou des FAQ nouvelles générations), d’entretenir une conversation ou encore de créer des scripts dans certains langages informatiques (chers développeurs, montrons nous solidaires !). Du fait de leurs capacités, ces machines sont aussi en train de révolutionner la création de contenus informatifs, puisqu’ils peuvent lire, analyser, extraire et trier d’énormes volumes de données, pour en sortir des textes et des graphiques parfaitement cohérents.
Alors où est le hic ?
Il ne s’agit pas vraiment d’un énième remake sur les conflits potentiels homme versus machines. Pour replacer la problématique dans un contexte plus familier et quotidien, reprenons l’exemple des contenus rédigés automatiquement que l’on peut trouver sur le web. S’ils peuvent parfois montrer les limites des AI précédemment citées, ils sont aussi dans la ligne de mire des robots eux-mêmes. En effet, la génération automatisée de contenus peut être très mal vue par les robots dédiés au référencement des sites, comme nous l'indique clairement la documentation de Google :
« Le contenu généré automatiquement repose sur la programmation. Lorsque ce contenu est destiné à manipuler les classements de recherche plutôt qu'à aider les utilisateurs, Google peut intervenir. » (entendez par là la rétrogradation voire la suppression de votre page ou de votre site web par les moteurs de recherche). Et pour appuyer ceci, John Mueller, Webmaster Trends Analyst chez Google l’a à nouveau souligné lors d’un de ses hangouts (sessions de questions/réponses avec des webmasters et professionnels du web), « si vous utilisez des outils de machine-learning pour générer votre contenu, c’est sensiblement la même chose que d’aligner des mots bout à bout, d’écrire des suite de synonymes ou de passer par la traduction automatique de contenus en langues étrangères. [...]. Ce genre de pratique va à l’encontre des bonnes pratiques, et reste considéré comme du spam ».
Source : https://developers.google.com/search/docs/advanced/guidelines/auto-gen-content?hl=fr
Humain après tout
Outre le fait que Google lui-même (ou tout du moins, les humains qui animent l’entité) instaure des bonnes pratiques qui encadrent rigoureusement l’usage des AI dans la rédaction de contenu, il convient de souligner, en parallèle, les différentes dimensions que les bots de Google tâchent de prendre en compte dans l’expérience que font les utilisateurs d’un site web, à savoir la dimension informative, la dimension argumentative, et la dimension narrative.
La dimension informative :
Il faut informer, apporter une réponse à une question. N’oublions pas que Google a basé son modèle (révolutionnant le web, au passage) sur la recherche (d’informations, de biens, de services, d’adresses…). Il est donc important de fournir les informations de manière construite, (respect de la syntaxe de votre langue) et développée (importance du lexique et de la sémantique).
La dimension argumentative :
Elle implique le visiteur, tente de le convaincre, l'appelle à réfléchir, à se positionner. Il ne s'agit pas (forcément) de tomber dans la polémique ou le pamphlet (bien que les ressort du clash soit aussi une stratégie de visibilité), mais certains emprunts peuvent être faits à ces registres, ou détournés pour mieux dynamiser un contenu, et rendre plus actif le lecteur. Cette dimension peut aussi être plus neutre ou policée, en jouant par exemple la carte du pour / contre, que l'on peut retrouver dans les tests d'objets ou les critiques culturelles.
La dimension narrative :
C'est là que le storytelling entre en jeu. Au-delà de l’information qu’un site fourni, il faut aussi pouvoir apporter au lecteur de quoi nourrir son imaginaire. On ne vous demande pas de réécrire Hamlet en un billet de blog, ni de vous transformer en Peter Pan 2.0 bien sûr. Mais on peut utiliser les ressorts de la narration et du storytelling pour permettre à un lecteur de se projeter, de découvrir une nouveauté, d'adopter un autre regard...les usages sont multiples, et les possibilités infinies si l'on sait, là encore, s'approprier cette technique.
Si, on l’a vu, les capacités de traitement des données rendent redoutablement efficaces les AI dans les domaines de l’information, les secondes approches laissent toutes leurs places aux humains. Et cela pourrait se résumer en un seul point : les AI peuvent représentent des données (sous forme de texte, de graphiques, de scripts…), mais elles n’ont pas la capacité de raisonner par analogie, d’utiliser des métaphores par exemple, autrement dit, d’utiliser une représentation d’une chose pour en représenter une autre.
Or, ce procédé est à la base de l’imagination, que ce soit celle du lecteur ou de l’auteur. En outre, c’est un outil extrêmement efficace, que ce soit pour expliquer, vulgariser, convaincre ou tout simplement, raconter une histoire. De même, il est encore difficile pour une IA de travailler un style, d’adopter un ton qui lui est propre, en un mot, de trouver sa singularité.
Soyez donc rassuré, les robots ne prendront pas tout de suite le contrôle. Ils peuvent cependant déjà être de formidables compagnons de travail, pour peu qu’on sache les utiliser à bon escient. En attendant, pour inspirer ou raconter, convaincre ou informer, on ne peut que vous conseiller de faire confiance à vos congénères les humains.